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Visite des Terminales LCA au musée des Confluences

Par Administration Lycée Docteur Charles Mérieux, publié le mardi 25 juin 2024 11:01 - Mis à jour le mardi 25 juin 2024 11:22
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La Médecine ancienne : des mythes aux réalités

Après avoir découvert les pratiques antiques en matière de médecine, lu des textes du célèbre médecin Hippocrate, de Celse, de Galien et analysé l’esthétique de l’historien grec Thucydide dans sa description des symptômes de la peste d’Athènes, les élèves de Terminale Langues et Cultures de l’Antiquité ont parcouru l’exposition « Épidémies - Prendre soin du vivant » présentée au musée des Confluences accompagnés de Madame Isabelle Boehm, professeure des Universités de Lyon 2, professeure en littérature et linguistique grecques, responsable de l’équipe de recherche « Médecine ancienne » au sein du laboratoire de recherches HiSoMA (Histoire et sources des mondes antiques).

 

Celse, De Medicina, I, 10

Est etiam obseruatio necessaria, qua quis in petilentia utatur adhuc integer, cum tamen securus esse non possit. Tum igitur oportet peregrinari, nauigare, ubi id non licet, gestari, ambulare sub diu ante aestum leniter eodemque modo ungui; et, ut supra comprensum est, uitare fatigationem, cruditatem, frigus, calorem, libidinem, multoque magis se continere, si qua grauitas in corpore est.

Il est des précautions indispensables, que doit prendre, pendant le règne d'une épidémie, celui qu'elle n'a pas encore atteint, mais qui cependant n'est pas à l'abri de ses attaques. Le plus sûr alors est de voyager ou de naviguer. Si cela n'est pas possible, il faut se faire porter en litière, se promener doucement en plein air, avant l'heure des grandes chaleurs ; employer de légères onctions, et, comme on l'a conseillé plus haut, éviter la fatigue, les indigestions, le froid, la chaleur, et les excès vénériens. Il faudra s'observer bien davantage encore s'il survient quelque malaise.

 

Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, II, XLIX

ἔπειτα ἐξ αὐτῶν πταρμὸς καὶ βράγχος ἐπεγίγνετο, καὶ ἐν οὐ πολλῷ χρόνῳ κατέβαινεν ἐς τὰ στήθη ὁ πόνος μετὰ βηχὸς ἰσχυροῦ· καὶ ὁπότε ἐς τὴν καρδίαν στηρίξειεν, ἀνέστρεφέ τε αὐτὴν καὶ ἀποκαθάρσεις χολῆς πᾶσαι ὅσαι ὑπὸ ἰατρῶν ὠνομασμέναι εἰσὶν ἐπῇσαν, καὶ αὗται μετὰ ταλαιπωρίας μεγάλης. λύγξ τε τοῖς πλέοσιν ἐνέπιπτε κενή, σπασμὸν ἐνδιδοῦσα ἰσχυρόν, τοῖς μὲν μετὰ ταῦτα λωφήσαντα, τοῖς δὲ καὶ πολλῷ ὕστερον.

A ces symptômes succédaient l'éternuement et l'enrouement ; peu de temps après la douleur gagnait la poitrine, s'accompagnant d'une toux violente ; quand le mal s'attaquait à l'estomac, il y provoquait des troubles et y déterminait, avec des souffrances aiguës, toutes les sortes d'évacuation de bile auxquelles les médecins ont donné des noms. Presque tous les malades étaient pris de hoquets non suivis de vomissements, mais accompagnés de convulsions ; chez les uns ce hoquet cessait immédiatement, chez d'autres il durait fort longtemps.

 

Les explications apportées par Madame Boehm leur ont permis de comprendre et d’appréhender mieux encore ces pratiques médicales qui, si elles peuvent sembler singulières et parfois dépassées, n’en demeurent pas moins à la source de nombreuses pratiques actuelles dans la mesure où les médecins grecs avaient mis à jour des principes encore étudiés notamment ceux liés aux plantes médicinales.

L’intérêt s’est également porté sur la place des femmes dans la médecine : il y avait bien des femmes-médecins dans l’antiquité mais leurs noms ont été gommés au cours des siècles. Seules quelques traces linguistiques (comme un féminin dans un texte pour désigner un médecin) permettent encore d’en conserver la mémoire.

 

Le Serment d’Hippocrate

Traduction ; J. Jouanna, Hippocrate, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992, annexe I.

Ὄμνυμι Ἀπόλλωνα ἰητρὸν, καὶ Ἀσκληπιὸν, καὶ Ὑγείαν, καὶ Πανάκειαν, καὶ θεοὺς πάντας τε καὶ πάσας, ἵστορας ποιεύμενος, ἐπιτελέα ποιήσειν κατὰ δύναμιν καὶ κρίσιν ἐμὴν ὅρκον τόνδε καὶ ξυγγραφὴν τήνδε. (…)

Je jure par Apollon médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, de remplir, selon ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat (…)

 

Pour aller plus loin …

Vivan Nutton, La Médecine antique, Les Belles Lettres, 2017

« Soigner les corps, des médecins antiques aux rituels magiques » France Culture, 2020

« Hippocrate et Galien : quel était exactement leur savoir médical ? » France Culture, 2024